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Colloque – Entre logos et engagement. Le théâtre d’Albert Camus et de Jean-Paul Sartre – Paris

3 novembre 2021 | 13:00 - 5 novembre 2021 | 13:30

Colloque international

3, 4 et 5 novembre 2021

Collège d’Espagne Cité internationale universitaire de Paris

Bibliothèque nationale de France, site Richelieu

 

Conception et coordination :

Vincenzo Mazza

Université Paul Valéry – Montpellier 3

Équipe d’accueil 4414 HAR, Université Paris – Nanterre

E.S.T. www.etudes-sur-le-theatre.fr

 

Ce que le théâtre peut montrer de plus émouvant est un caractère en train de se faire, le moment du choix, de la libre décision qui engage une morale et toute une vie.

Jean-Paul Sartre (1947)

 

L’acteur est le principal, le principe, l’âme du spectacle. Voir un acteur entrer dans son rôle, l’habiter, l’entendre parler de la voix même qu’on avait entendue dans le silence et la solitude, c’est la plus grande joie qu’on puisse rencontrer dans ce métier.

Albert Camus (1957)

 

Argumentaire

Deux auteurs qui ont marqué une génération théâtrale

 

Le théâtre des années quarante et cinquante en France a eu deux protagonistes majeurs : Albert Camus et Jean-Paul Sartre. S’ils sont, à cette époque, publiquement présents à la fois en tant que romanciers, penseurs philosophiques, commentateurs de questions socio-politiques, et fréquemment mis en rapport de manière polémique, Camus et Sartre sont également représentants d’un théâtre du logos. Leurs pièces font régner la parole – à l’égard de ses qualités de discours engagé ainsi que d’objet littéraire esthétique – et la rationalité, mise en jeu dans les conflits dramatiques.

Leur production dramaturgique est comparable autant à niveau de la quantité de pièces, incluant pièces originelles et adaptations, qu’à la période consacrée à l’écriture pour la scène dans leurs parcours professionnels. Pour Camus, celle-ci s’étend de 1936 à 1958, et pour Sartre, de 1940 jusqu’à 1965. Leurs débuts dramaturgiques se font dans des conditions d’écriture particulières, dans un cadre de théâtre amateur marqué par les situations politiques respectives. Bariona, ou le fils du tonnerre de Sartre, sorte de mystère traitant de la Nativité, a été rédigé pour un spectacle joué fin 1940 au stalag XIID où l’auteur était détenu. Quant à Camus, il expérimente à partir de la période du Théâtre du Travail à Alger son rôle de co-auteur de l’ « essai de création collective » Révolte dans les Asturies. La pièce, écrite en 1936, relatant l’insurrection ouvrière, fut censurée avant d’être représentée publiquement.

 

Sartre et le théâtre

 

Jean-Paul Sartre a réussi, après ses deux premières pièces, Bariona et Les Mouches, qui ont connu une genèse difficile, à créer des personnages et récits scéniques qui ont rencontré souvent les faveurs du public. L’épreuve à la scène s’est faite à travers le travail d’importants metteurs en scène et comédiens de l’époque. Les Mouches, dont Jean-Louis Barrault devait assurer la création, ont finalement – à la suite d’un conflit autour de la distribution – été montées par Charles Dullin en 1943 avec des comédiens peu expérimentés si l’on excepte Dullin lui-même dans le rôle de Jupiter. Huis clos, porté à la scène en 1944 par Raymond Rouleau au Théâtre du Vieux-Colombier, et qui fut un succès seulement à partir de la reprise du spectacle après la libération de Paris, dessine un lien éphémère entre Sartre dramaturge et Camus metteur en scène : en 1943, la pièce devait être montée par Camus qui aurait également interprété le rôle de Garcin. L’auteur de La Nausée a su, à partir du choix personnel de comédiens populaires, faire briller les qualités de ses pièces à travers l’interprétation. Ce fut le cas d’Héléna Bossis dans La Putain respectueuse, d’Alain Cuny dans Mort sans sépulture, de François Perier dans Les Mains sales, de Maria Casarès et Jean Vilar dans Le Diable et le bon dieu, de Pierre Brasseur dans Kean, ainsi que de Serge Reggiani dans Les Séquestrés d’Altona. Si Sartre a employé dans plusieurs pièces les conventions dramatiques d’un théâtre bourgeois, il a également instauré un genre à part – le « théâtre de situations » – où des personnages font face à l’oppression, à l’ordre établi, à la nécessité ou l’incapacité de se révolter.

 

Camus et le théâtre

 

Albert Camus a voulu faire du théâtre – écrire des pièces, mettre en scène, et de manière secondaire, jouer – toute sa vie durant. En Algérie, il est l’animateur de deux groupes de théâtre dans la deuxième moitié des années trente, le Théâtre du Travail et le Théâtre de l’Équipe. Si le premier est lié à son expérience avec le Parti communiste français, le deuxième est clairement inspiré par les propos de Jacques Copeau sur la rénovation théâtrale. La carrière de Camus dramaturge commence à Paris avec la publication des deux premières pièces, Caligula et Le Malentendu, en 1944. La deuxième, qui représente une tentative de tragédie moderne « en veston », a été créée la même année au Théâtre des Mathurins dans une mise en scène de Marcel Herrand. Aucune de ses pièces originelles (Caligula, Le Malentendu, Les Justes et le cas particulier de L’État de siège, élaboré avec Jean-Louis Barrault) ou de ses adaptations (Un Cas intéressant, La Dévotion à la croix, Les Esprits, Le Chevalier d’Olmedo) connaissent un véritable succès avant Requiem pour une nonne (1956), tiré du texte homonyme de William Faulkner, et Les Possédés (1958) d’après Dostoïevski. Un paradoxe veut qu’un homme de théâtre comme Camus, qui a été non seulement un auteur dramatique mais aussi metteur en scène, véhicule dans son écriture pour la scène des structures dramatiques conventionnelles du 19e et du début du 20esiècle. Il ne s’agit pas d’un précurseur de nouvelles formes dramatiques nonobstant ses recherches d’une réinstauration du tragique sur la scène de son époque reliant « tragédie moderne » et « mythes modernes ».

 

Les prolégomènes de l’événement

 

Le colloque ne vise pas à confronter les deux écrivains à travers la dramaturgie mais à cerner les caractéristiques d’un théâtre qui n’existe plus, d’un théâtre qui a été surnommé « théâtre d’idées », « théâtre philosophique » ou « théâtre existentialiste ». Même si les perspectives et la place que le théâtre occupe dans leurs œuvres diffèrent, Sartre et Camus ont marqué toute une époque avec leur présence dans différents domaines du monde de l’édition et de la parole vive. Chaque nouvelle création théâtrale, avec leurs noms à l’affiche, a constitué un événement majeur de la saison concernée.

Les rapports entre Sartre et Camus, ainsi que leurs apports respectifs aux arts de la scène ont fait déjà objet d’événements scientifiques. Les liens entre les deux hommes de lettres ont été étudiés en 1998 à la Sorbonne, lors de la journée d’étude « Sartre et Camus écrivains », avec une publication partielle des actes en 2001, sous la direction de Geneviève Idt. Le premier colloque sur le théâtre de Camus, organisé par Jacqueline Lévi-Valensi, a été mis en place en 1988 à Amiens, et le deuxième en 2009 à Kingston au Canada, « Camus à la scène/Camus on stage », organisé par Sophie Bastien. Plus récemment, en 2016, « Le théâtre d’Albert Camus et le Siècle d’or », e’est focalisé sur les adaptations de pièces espagnoles par Camus et ses liens avec les autres formes théâtrales ibériques. S’il n’y a pas eu jusqu’à présent un colloque portant exclusivement sur le théâtre de Sartre, il existe un nombre important d’ouvrages axés sur sa dramaturgie et la pratique scénique, notamment ceux de Michel Contat, d’Ingrid Galster, de John Ireland, de Jean-François Louette, de Jacques Lecarme ou de Gilles Philippe.

 

Un colloque sur un théâtre disparu

 

Le colloque « Entre logos et engagement : le théâtre d’Albert Camus et de Jean-Paul Sartre » qui se tiendra les 4, 5 et 6 novembre 2020 au Collège d’Espagne de la Cité internationale universitaire de Paris et au site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, entreprendra de définir les caractéristiques d’un théâtre ancré dans une tradition littéraire, d’une dramaturgie de la parole engagée et de la raison verbalisée à l’aube d’un bouleversement des codes dramaturgiques et de l’apparition de pièces peuplées de personnages démunis d’un flux cohérent de conscience, qui sont en dehors du temps ou dans des paysages soit archaïques, soit post-apocalyptiques. Certes, la dramaturgie en France à partir des années cinquante n’a pas connu seulement les univers de Samuel Beckett, Arthur Adamov et Eugène Ionesco, mais également, parmi les œuvres notables, un théâtre où la parole véhicule un réalisme tragique, celui de Marguerite Duras, ou celui de l’expérience verbale sensorielle de Valère Novarina.

La fin de la production dramatique des deux protagonistes du colloque et de leur action dans le panorama théâtral coïncide également, en ce qui concerne les pratiques de création dans des cadres de théâtres-laboratoires, avec une baisse du statut du texte dramatique préexistant et dominant le travail de mise en scène en faveur de l’essor de la présence du corps en scène, notamment dans les recherches menées par le Living Theatre, Jerzy Grotowski, Eugenio Barba et Ariane Mnouchkine.

 

Partenaires :

https://www.bnf.fr/fr

https://www.colesp.org/index.php/es/

https://har.parisnanterre.fr/

https://www.etudes-camusiennes.fr/

https://www.grupporicercasartriana.org/

https://etudessurletheatredotfr.wordpress.com/

 

PROGRAMME DU COLLOQUE

 

Mercredi 3 novembre 2021

 

Collège d’Espagne (salle Louis Buñuel)

 

13h30 – 14h15 Accueil des participants

14h15 – 14h30 Introduction

 

Session 1

14h30 – 15h45

Pierre-Louis Rey, « Les Possédés, du roman à la scène »

Danielle Chaperon, « La situation dramatique, entre Sartre et Corneille »

 

Pause 15h45 – 16h00

 

Session 2

16h00 – 17h30

Jean-Marie Pradier, « La chair de la voix : la fréquence respiratoire des personnages, dans le Caligula de Camus »

David Walker, « Camus : “J’ai une idée, bien précise, de ce qu’est le théâtre” »

John Ireland, « Le théâtre et les systèmes de pensée de Sartre »

 

Pause 17h30 – 17h45

 

17h45 – 18h45

Lecture de textes de Sartre et de Camus par la comédienne et pédagogue Carole Bergen

 

Jeudi 4 novembre 2021

 

Collège d’Espagne (salle Louis Buñuel)

 

Accueil des participants 9h00 – 9h30

 

Session 3

9h30 – 10h45

Jean-Louis Meunier, « De Racine à Camus, en passant par Aristote et Corneille : Du poème dramatique »

Heiner Wittmann, « “Faire participer le spectateur au libre choix que l’homme fait dans sa situation.” (Sartre) »

 

Pause 10h45 – 11h15

 

Session 4

11h15 – 13h00

Sofia Chatzipetrou, « “Je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer” : l’amour engagé dans le théâtre d’Albert Camus »

Alessandro Bresolin, « Ignazio Silone dans le théâtre de Camus »

Iliana Kizilos, « Rire et engagement dans Nekrassov de Jean-Paul Sartre »

 

Pause 13h00 – 14h30

Déjeuner au restaurant du Collège d’Espagne

 

Session 5

14h30 – 16h15

Floriane Toussaint, « Les Possédés : Camus à contretemps »

Sandrine Hylari, « Lyrisme, amour et révolte : l’influence de Maria Casarès dans l’écriture et la création de L’Etat de siège et des Justes »

Yoann Malinge, « Agir en situation dans le théâtre de Sartre »

Pause 16h15 – 16h30

 

Session 6

16h30 – 17h45

Marco Longo, « Camus et ses prédécesseurs. Du retour possible au voyage sans issue »

Azin Mohammadali, « Sartre et Camus à travers les archives de la Télévision Nationale de l’Iran postrévolutionnaire : la fusion entre la scène et le téléthéâtre »

 

Discussions, échanges 17h45-18h30

 

Vendredi 5 novembre 2021*

 

* Cette demi-journée ne sera pas ouverte au public en raison du contexte sanitaire.

 

Bibliothèque nationale de France, site Richelieu (salle Richelieu 1)

 

9h00 – 9h15 Accueil des participants

 

Session 7

9h15 – 10h30

Anaïs Dupuys-Olivier, Guillaume Delaunay : « Variations Sartre-Camus. Étude de quelques manuscrits »

 

Pause de 10h30 – 11h00

 

Session 8

11h00 – 12h45

Elisa Reato, « Le pari de Sartre. Enjeux éthiques et politiques du théâtre »

Erminio Maglione, « Le nihilisme en scène. Nietzsche et Caligula d’Albert Camus »

Florence Pignarre, « Kean où l’engagement paradoxal de l’acteur »

 

Discussions, échanges 12h45 – 13h15

 

13h 15 Mot de clôture

 

13h30 Fin des travaux

Détails

Début :
3 novembre 2021 | 13:00
Fin :
5 novembre 2021 | 13:30
Catégories d’événement:
,
Site :
https://etudessurletheatredotfr.wordpress.com

Lieu

Collège d’Espagne, Cité Universitaire de Paris ; Bibliothèque nationale de France
France

Organisateur

Vincenzo Mazza