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Une exposition des œuvres de Jacques Houplain (10 septembre 1920 – 22 février 2020) se tiendra aux Ateliers d’Espé à Espéraza dans l’Aude au 11 rue Pasteur, 11260, Espéraza, du 19 mars au 20 avril.
Le vernissage se déroulera le samedi 19 mars à partir de 17h jusqu’à 21 h.
Pour inaugurer cette exposition ce samedi-là, une lecture de la poésie de Marie-Laure Ruiz Maugis sera donnée, accompagnée par Anne-Claire Boshâ au piano à 18h30 précises.
Dans le numéro 20 de L’Écho des Rencontres Méditerranéennes Albert Camus, notre ami Guy Basset rendait hommage à cet artiste qui fut l’un des derniers illustrateurs de Camus de son vivant :
Dans la confusion actuelle que favorise la pandémie, la disparition de Jacques Houplain le 22 février dernier est passée inaperçue. Ces dernières années, il souffrait d’une fragilité des poumons, qui l’a empêché de fêter ses 100 ans !
Les artistes qui ont illustré de son vivant une œuvre entière d’Albert Camus ne sont pas si nombreux que cela (Mayo 1946, Clairin 1950 et 1954, Houplain 1959, Edy-Legrand 1950 puis édition illustrée de La Peste paraissant en 1962 précédée d’un texte de Camus) pour que la disparition du dernier d’entre eux ne mérite l’attention des camusiens.
Après des études aux Beaux-Arts à Paris, interrompue par la clandestinité, puis reprise, Jacques Houplain prend place très rapidement parmi les graveurs de sa génération. Il est boursier de la Maison Descartes à Amsterdam en 1947. Sur les conseils de Jean-Eugène Bersier (qui avait lui-même séjourné à la villa Abd el Tif à Alger en 1942), Jacques Houplain y est admis et y séjourne en famille de 1949 à 1951. Houplain s’intègre rapidement à la vieartistique et littéraire d’Alger : outre les expositions traditionnelles des peintres à la villa, il expose, autour de la revue Soleil à la librairie Rivages d’Edmond Charlot, d’abord du 15 au 21 juillet 1950, puis du 24 au 28 février 1951 (en compagnie de deux autres artistes en séjour à la villa Abd el Tif – le sculpteur Jean Carton et le peintre Pierre Brandel qui les avaient rejoints l’année suivante – et de deux « locaux Sauveur Galliéro et Jean de Maisonseul1. Le numéro 3 de la revue publie une eau-forte de lui. Pendant son séjour en Algérie, il se rend à Tipasa, réalisant plusieurs œuvres: dessins, gravures (depuis l’amphithéâtre, l’arbre mort…), et un portrait du « Père Warin », patron de l’hôtel du Rivage que fréquentait tous les visiteurs de Tipasa. Il a composé aussi une gravure de Djemila2 et il a circulé dans le Sud et dans les Aurès. Le séjour à la villa fut un moment important pour la famille Houplain.
En définitive, Jacques Houplain, qui a consacré toute sa vie à la gravure, a peu illustré de livres : Sappho, Lautréamont, Ronsard, Bosco, La Genèse – dans la traduction de Le Maistre de Sacy, réalisant aussi quelques frontispices. Noces d’Albert Camus est le dernier des grandes œuvres qu’illustra Houplain. Le livre fait suite à l’illustration d’un texte d’Henri Bosco, La Clef des Champs qui avait paru dans la même collection que La Femme adultère illustrée par Clairin.
L’achevé d’imprimer de Noces est du 10 novembre 1959 et Camus reçut son exemplaire à Lourmarin le 20 décembre 1959. Une rencontre était à venir entre l’artiste et l’écrivain qui n’a pas eu lieu ! Par son séjour en Algérie, comme par les œuvres qu’il y a réalisées, et dont la plupart ont été détruites dans une inondation, Jacques Houplain était bien placé pour accompagner de ses gravures le texte de Camus. L’ouvrage est tiré à 450exemplaires dont 25 pour les collaborateurs avec 69 exemplaires de tête comprenant des planches refusées. Chacune des nouvelles est illustrée :quatre gravures pour « Noces à Tipasa » avec un cul-de-lampe représentant une étoile de mer, trois pour « le vent à Djemila », quatre pour « L’été à Alger » et 5 pour « le désert » avec un cul-de-lampe représentant un bélier. Le nombre de gravures est ainsi bien équilibré entre les nouvelles.
Avec Clairin, nous avons ainsi deux anciens pensionnaires Abd el Tif à Alger, ayant fréquenté Tipasa, et exposé en Algérie qui ont illustré Noces de Camus à moins de dix ans d’intervalle. Pour mémoire, de son côté, Christian Caillard qui a, lui aussi, exposé très tôt à Alger chez Charlot et à la Galerie Colline à Oran avait fourni, entre autres, une illustration intitulée « la paix des pierres » pour Noces dans l’édition collective des œuvres de Camuschez Gallimard en 1958.
Après cette parution, Jacques Houplain s’orienta vers d’autres travaux, réalisant notamment entièrement lui-même de nombreux livres. De 1945 à sa mort, Jacques Houplain ne cessa d’exposer, participant à de nombreuses manifestations et obtenant de nombreuses récompenses.
Guy Basset