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Minorque, Sant Lluís
du 3 au 5 mai 2024
En 2023 nous avons exploré les lieux qui nous permettent « d’empêcher que le monde ne se défasse », ces lieux du monde que génère la force de la création et de la culture.
Mais, depuis, le monde semble se défaire plus encore – à travers des guerres et des atrocités contre les civils, et à travers les catastrophes climatiques. Nous nous sentons impuissants face à ce monde ; mais ne sommes-nous pas contraints à le « repenser, comme l’écrivait Camus en 1944 ? Pour cela, dit-il, il faut d’abord « tourner le dos […] aux discours », aux idéologies et « rejeter toute forme de pensée réaliste et fataliste ». Nous dirions aujourd’hui : sortir des batailles d’opinion et renouer avec une pensée libre qui conteste des expressions telles que : « les faits sont là », « on ne peut pas faire autrement », « on n’a pas le choix » …
Or transformer les pensées implique de réinventer le langage, et vice-versa. Non pas créer des mots nouveaux mais décaper le langage, le libérer des euphémismes précautionneux, débusquer le mensonge, bref « appeler les choses par leur nom », pour reprendre encore une fois les mots de Camus.
De nos jours, les mots mentent – parce qu’ils édulcorent le réel – et ils tuent en même temps. Ils peuvent détruire une personne ou un groupe de personnes en les réduisant à un mot, à une désignation. « On ne pense pas mal parce qu’on est un meurtrier. On est un meurtrier parce qu’on pense mal. C’est ainsi qu’on peut être meurtrier sans avoir jamais tué apparemment », martèle Camus en 1946.
Il s’agit donc de repenser le monde pour y diminuer la part du mensonge et de la haine. « Ni peur ni haine, voilà notre victoire », clame Camus ; et, même si on a peur, il faut à tout prix empêcher la haine. Une tâche qui ne revient pas qu’aux politiques et aux journalistes mais bien à nous toutes et tous. Loin des abstractions, elle consiste à être honnête, avec les mots et avec la vie, à faire ce que Camus appelle « son métier d’homme ». Ce qui nous mène également à renoncer, pour l’humanité, aux utopies grandioses et à élaborer patiemment une « utopie modeste » pour chacune et chacun d’entre nous.
Voilà le chemin que nous souhaitons entreprendre pour cette édition de 2024.
Retrouvez plus d’informations sur le programme des Trobades 2024 en vous rendant sur le site officiel de l’événement : https://www.trobadescamus.com