20 Déc Jean-Louis Saint-Ygnan, « La Vision politique d’Albert Camus », Éditions Ovadia, Nice, 2013, 181 p.
Jean-Louis Saint-Ygnan, La Vision politique d’Albert Camus, Éditions Ovadia, Nice, 2013, 181 p.
Jean-Louis Saint-Ygnan convie, en cinq chapitres, le lecteur à une promenade chronologique dans l’univers politique de Camus, des premiers engagements du jeune homme à Alger jusqu’à son silence sur les « événements » en Algérie, à la fin de sa vie. Le chapitre 6 est, lui, consacré à « Camus aujourd’hui ». D’aucuns pourront trouver que ce livre manque d’originalité, tout ou presque ayant été dit sur le sujet par les deux biographes de l’écrivain et de nombreux articles. Qu’on ne s’y trompe point : l’intérêt est ailleurs. Il réside dans la clarté de la construction et la mise en lumière et en perspective littéraire et/ou historique de l’évolution de la vision politique de Camus. Ainsi, le chapitre 1 plante le décor et montre pourquoi, dans un contexte de littérature engagée, Camus est un « insoumis » tandis que le chapitre 2 en replaçant le jeune algérois dans le contexte politique de l’entre-deux-guerres explique son bref engagement au PC. Le chapitre suivant, intitulé « Résistance », est particulièrement intéressant : il couvre les années de guerre et expose avec pertinence comment le pacifiste de 1939 s’est transformé en résistant à partir de 1943. « Guerre froide », au titre éloquent, rappelle les engagements de Camus après la guerre : croyance en une Europe source de paix, refus d’un socialisme qui tolère les camps de concentration, isolement de l’écrivain après la polémique de L’Homme révolté, proximité avec les libertaires. « Algérie » revient sur sa position nuancée dans une guerre qui ne disait pas son nom mais qui fut pour lui un vrai déchirement. L’Algérie sert d’ailleurs de lien avec le chapitre 6 « Camus aujourd’hui » et Jean-Louis Saint-Ygnan s’interroge : « L’expérience de Camus est-elle transposable aux hommes d’aujourd’hui ? » (p. 174). Pour lui, comme pour beaucoup, Camus fut un « précurseur ».
Marie-Thérèse BLONDEAU