Présence d’Albert Camus n°12 – 2020

 

Le numéro 12 de notre revue Présence d’Albert Camus est paru. En voici le sommaire. Vous pouvez commander ce numéro au prix de 12€ (+ 3 € de frais de port pour la France) à l’adresse de l’association : 18 avenue René Coty, 75014, Paris.

 

Sommaire

 

Textes :

Albert Camus, deux lettres à Michel Rachline et Ernest Sabato, présentation par François Bogliolo

 

Contributions :

Philippe Lançon, « Camus, l’ami mesuré »

Michel Barré , « Prométhée, Sisyphe et les autres »

Anne Prouteau, « Les baignades dans l’œuvre d’Albert Camus »

Christian Phéline, « La plage introuvable, cet « autre monde » où le malheur survient »….

Io Watanabé, « Camus et Brice Parain : un héritage des années 30 »

Guy Basset, « Camus parle des personnalités du théâtre »

Yao Jie, « L’influence de Camus sur les écrivains chinois »

Chia-hua Su, « Camus à Taïwan »

 

Travaux universitaires :

Cécile Delbecchi, « Le refus de l’installation : essai sur la pensée camusienne d’après La Chute » ; Rémi Larue, « « Ni victimes ni bourreaux » : morale et politique de la violence chez Albert Camus »; Joanna Roś, « Albert Camus dans la culture littéraire et théâtrale polonaise (1945-2000) »

 

Document :

Agnès Spiquel et Anne-Marie Tournebize, Entretien avec Ivan Morane interprète de La Chute

 

Comptes-rendus :

Correspondance Albert Camus-Nicola Chiaromonte, édition établie, présentée et annotée par Samantha Novello, Paris, Gallimard (Guy Basset, Yosei Matsumoto) ; Victoria Ocampo – Albert CamusCorrespondencia (1946-1959), Buenos Aires, Sudamericana SUR (Marie-Thérèse Blondeau) ; Albert Camus, Correspondance avec ses amis Bénisti 1934-1958, éditions Bleu autour, coll. « D’un lieu l’autre », édition dirigée par Jean-Pierre Bénisti et Martine Mathieu-Job et présentée par Virginie Lupo et Guy Basset (Agnès Spiquel) ; Christian Phéline et Agnès Spiquel, Alger sur les pas de Camus et de ses amis, avec une préface de Ameziane Ferhani, Petit guide pour une ville dans l’histoire, Alger, Arak éditions (Pierre-Louis Rey) ; Albert Camus, journaliste. Reporter à Alger, éditorialiste à Paris, Maria Santos-Sainz, préface d’Edwy Plenel, Rennes, Éditions Apogée, et Albert Camus, periodista. De reportero en Argel a editorialista en Paris, préface d’Edwy Plenel, coll. « Investigación »,  libros.com (Christian Phéline) ; Youness Bousenna, Albert Camus. L’éternité est ici, Éditions Première Partie (Agnès Spiquel) ; Françoise Kleltz-Drapeau, « Le droit d’aimer sans mesure » dans la Correspondance Camus-Casarès, Anne Rideau éditions (Pierre-Louis Rey) ; Vincent Duclert, Camus, des pays de liberté(Brigitte SÄNDIG) ; L’abécédaire d’Albert Camus, textes choisis par Marylin Maeso, Éditions de l’Observatoire (Pierre Masson)

 

Bibliographie

 

Vie de la Société des Études Camusiennes

 

Disparitions :

Paul Smets, Jean Daniel

 

Résumés

 

Philippe Lançon, Camus, l’ami mesuré.

Par gros temps politique, il n’est pas plus facile de tenir la mesure que la barre d’un voilier. Chez Albert Camus, cette mesure est liée aux exigences difficiles de l’amitié et au dégoût de la violence. Ces exigences et ce dégoût naissent de l’expérience toujours inquiète, toujours personnelle, de la morale. Morale d’un homme qui écrit: « Pour moi, j’ai toujours préféré qu’on témoignât, si j’ose dire, après avoir été égorgé. »

 

Michel Barré, «Prométhée, Sisyphe et les autres »

Sophocle, Épictète, Marc-Aurèle, pour ne citer qu’eux, ont été pour Camus des alliés substantiels tout au long d’un itinéraire menant de « la tentation de ne ressembler à rien » le « Mè phunaï » des Grecs anciens au « Tout est bien » d’Œdipe. Chacun d’eux contribue à la définition d’une éthique, voire à une esthétique de la révolte, fondée sur l’acceptation de ses limites, le « Gnôthi seauton » delphique, sur le rejet de la démesure, sur l’exigence de justice et la quête de la mesure, « metron to beltiston » la meilleure des choses comme le rappelle constamment Eschyle.

 

Anne Prouteau, « L’inscription des baignades dans l’œuvre d’Albert Camus »

La mer n’a jamais été réduite à un simple décor pour Albert Camus. Elle revêt un enjeu presque vital, consubstantiel à la vie même de l’écrivain. Il n’est pas surprenant qu’elle nourrisse son imaginaire. Qu’il s‘agisse de romans ou de textes à connotation intime, la scène de baignade figure un passage obligé. Cette étude réfléchit aux caractéristiques dont sont dotées ces scènes maritimes et aux vertus initiatiques qu’elles revêtent. Tout en étant invariables d’une certaine façon, ne se chargent-elles pas d’attributs nouveaux liés à l’évolution générale de l’œuvre camusienne ?

 

Christian Phéline « La plage introuvable »

Si les autres scènes de L’Étranger s’inscrivent avec un grand vérisme dans la topographie d’Alger, la plage du meurtre, telle qu’elle est décrite, ne correspond à aucun endroit possible de ses entours. De fait, encore accrue dans les relectures que L. Visconti, J. Ferrandez ou K. Daoud proposeront du roman, cette dé-territorialisation condense et déplace en un non-lieu fictif l’image des grèves plus lointaines de Trouville et de Tipasa. Ici, le topos récurrent d’un littoral fermé par un promontoire qui symboliserait chez l’écrivain la relation si forte du terroir algérien à la mer, organise lumière et roc en un dispositif proche de celui de la scène grecque. Sans spectateurs ni parole, tout le drame s’y joue dans l’agôn viril des regards, des corps et des armes, non sans qu’un bref sursis ne s’y soit entr’ouvert à une possible tendresse humaine. Forme autre de la tragédie telle que pensée par Camus ou Chiaromonte, une écriture de l’« après-coup » prend alors le lecteur à témoin d’un conflit entre « des forces égales en raison et en malheur ».

 

Io Watanabe, « Camus et Brice Parain : Un héritage des années 30 »

Cette étude s’intéresse aux relations entre Albert Camus et Brice Parain, ex-militant communiste, philosophe du langage influant de l’époque. Ils ne cessent de se croiser dans le bureau des Éditions Gallimard, de collaborer à la publication de livres. L’essai « Sur une philosophie de l’expression » et les nombreuses notes des Carnets témoignent de la place considérable que ce guide spirituel occupe dans les réflexions de Camus sur le langage, le communisme et la civilisation.

 

Guy Basset : « Camus parle des personnalités du théâtre »

Si Camus a beaucoup parlé du théâtre et de ce qu’il représentait pour lui, il a aussi parfois parlé des gens du théâtre. C’est une autre façon pour lui de parler du théâtre en rendant hommage à celles et ceux qui le font être. Nous disposons d’un corpus d’écrits de six textes majeurs de Camus, sur des personnalités du théâtre : Copeau dont Camus n’a jamais cessé de se réclamer, Marcel Herrand dont la mort le marqua, Jacques Hébertot le directeur de théâtre avec qui les relations furent parfois un peu difficiles, Béatrix Dussane, proche de Maria Casarès et Madeleine Renaud et le Mime Marceau qu’il vit jouer. A travers ces évocations, comme à travers celle de Gérard Philipe, Camus rappelle que le théâtre n’est pas simplement l’affaire de l’acteur, mais un composite qui unit l’auteur même s’il est mort, le directeur de théâtre, le metteur en scène qui a à tenir compte de la personnalité des acteurs et de la personnalité de la scène, l’acteur qui parle avec tout son corps, les techniciens et le public. Mais ce corpus n’a pas la prétention de rendre compte de toutes les relations que Camus a entretenues, sa vie durant, avec le milieu du théâtre, ses amours, les services qu’il a pu rendre à certains, la découverte d’acteurs qu’il a lancés…

 

Yao Jie, L’influence de Camus sur les écrivains chinois

Dans les dernières décennies, quelques grands critiques chinois ont dit leur admiration pour l’écrivain et reconnu son influence ; d’autres ont estimé que cette référence relève de la posture intellectuelle. Camus est beaucoup publié en Chine ; peut-être n’y est-il pas « bien lu » ou assez étudié. D’abord prise dans une acception très large, la notion d’ « absurde » apparaît dans un sens plus camusien dans deux textes majeurs, de 1985 : Tu n’as pas le choix de LIU Suola  et Variations sans thème de XU Xing. L’article en analyse précisément le contenu et l’impact. Dans l’un et l’autre, la figure d’anti-héros constitue une transgression par rapport à la tradition littéraire. Ces dernières années,  Camus reste un modèle, voire un maître pour de tout jeunes écrivains : nouvelle étape de la réception de Camus en Chine ?

 

Chia-hua Su, « Itinéraire d’une œuvre : Camus à Taïwan »

La consécration de Camus par le prix Nobel (1957) a correspondu à une période d’ouverture au monde des intellectuels taïwanais. Ses ouvrages étaient généralement traduits de l’anglais. Traduit intégralement du français en 1972, L’Homme révolté alimente, sous le régime nationaliste de Tchang Kaï-shek, le débat autour du communisme ; L’Étranger et Le Mythe de Sisyphe, le débat sur l’absurde. Traduite de l’anglais en 1969, La Peste a fait écho à l’état d’urgence continuel que connaissait le pays. À partir des années 1990, la consolidation de la démocratie et une curiosité accrue pour le monde francophone ont aidé à la diffusion des positions de Camus sur la peine de mort et surtout sur la révolte.

 

Abstracts

 

Philippe Lançon, Camus, the measured friend. 

In heavy political weather, it is no easier to maintain an equilibrium than it is to steady the rudder on a sailing ship. For Camus, this equilibrium or measure is linked to the difficult demands of friendship and to the revulsion for violence. These demands and this revulsion arise from the experience of morality, ever uneasy, ever personal. This is the morality of a man who wrote : “For my part, I have always preferred to testify, so to speak, after having been murdered.”

Michel Barré, « Prometheus, Sisyphus and the others »

Sophocles, Epictetus, Marcus-Aurelius, to quote only these, were for Camus substantial allies throughout the course of an itinerary leading from the “temptation to resemble nothing”, the « Mè phunaï » of the Ancient Greeksto the “All is well” of Œdipus. Each contributes to the definition of an ethic, indeed an aesthetics of revolt, based on the acceptance of one’s limits, the Delphic « Gnôthi seauton » , on the rejection of excess and on the demand for justice  and the quest for measure, « metron to beltiston » the best of things as Aeschylus constantly reminds us.

 

Anne Prouteau, « The inscription of sea-bathing in the work of Albert Camus »

The sea is never simply a décor for Albert Camus. It takes on a role which is almost vital, intrinsic to the writer’s life itself. It is not surprising that it feeds into his imaginary. Whether it be in novels or texts with intimate connotations, the scene of sea-bathing represents a crucial moment. This study reflects on the characteristics attributed to these maritime scenes and on the initiatory qualities they come to assume. While in some respects they are unchanging, could it be that they acquire new aspects linked to the overall evolution of Camus’ work ?

Christian Phéline :  » The beach that can’t be found  » 

While the other scenes in The Stranger belong in the topography of Algiers, the beach of the murder, as described by Camus, does not correspond to any possible place. In fact, even more so in the rereadings that L. Visconti, J. Ferrandez or K. Daoud will propose about the novel, this de-territorialization condenses and displaces in a fictitious place the image of the more distant beaches of Trouville and Tipasa. Here, the recurring topos of a coastline closed by a promontory, which would symbolize for the writer the very strong relationship of the Algerian soil to the sea, organizes light and rock in a device similar to that of the Greek stage. Without spectators or words, the whole drama is played out in the virile agôn of gazes, bodies and weapons, not without a brief reprieve having opened up to a possible human tenderness. Being another form of the tragedy thought by Camus or Chiaromonte, this writing then takes the reader to witness a conflict between « equal forces in reason and in misfortune ».

Io Watanabe : « Camus and Brice Parain : a legacy of the 1930s »

This study focuses on the relations between Albert Camus and Brice Parain, a former communist militant and a philosopher of language who was influential at the time. They frequently encountered each other in the office of the Éditions Gallimard, and collaborated on book publications.  The essay « Sur une philosophie de l’expression » (On a philosophy of expression) and the numerous notes in the Carnetstestify to the considerable place that this spiritual guide occupies in Camus’ reflexions on language, on communism and on civilisation.

Guy Basset : Camus and theatre folk

If Camus spoke a great deal of the theatre and of what it represented for him, he also spoke sometimes about theatre people. It was for him another way of speaking about the theatre by paying homage to those who bring it into being. We have a corpus of writings numbering six major texts by Camus, concerning personalities of the theatre world : Copeau whom he constantly cites as a reference, Marcel Herrand whose death affected him, Jacques Hébertot  the theatre manager with whom his relations were sometimes a little difficult, Béatrix Dussane, an intimate friend of Maria Casarès, and Madeleine Renaud and Marceau the mime artist whom he saw in action. Through these evocations and that of Gérard Philipe, Camus reminds us that theatre is not simply the business of the actor, but a composite which brings together the author even if he is dead, the theatre manager, the director who must take account of the personalities of the actors and of the stage persona, the actor who speaks through his whole body, the technicians and the public. This corpus does not claim to provide an account of all the relationships that Camus maintained throughout his life with the theatre milieu, his loves, the favours he did for some, the discovery of actors whose careers he launched…

Yao Jie, The influence  of Camus on Chinese writers.

In recent decades, certain prominent Chinese critics have spoken of their admiration for the writer and have acknowledged his influence ; others have judged that such references are a form of intellectual posturing. Camus is widely published in China ; perhaps he is not ‘properly read’ or adequately studied there. Initially taken in the broadest interpretation, the notion of ‘absurd’ appears in a more camusian sense in two major texts, from 1985 :‘You have no choice’ by LIU Suola and ‘Variations without a theme’ by XU Xing. This article closely analyses  their content and their impact. In both, the figure of the anti-hero constitutes a transgression in relation to literary tradition. In recent years, Camus has remained a model, indeed a master, for. Very young writers : does this mark a new stage in Camus’ reception in China ?

Chia-hua Su, « The journey of a work : Camus in Taiwan »

Camus’s consecration by the Nobel Prize (1957) corresponded to a period which saw Taiwanese intellectuals open up to the world. His works were generally translated from the English. In a complete translation from the French published in 1972 under the nationalist regime of Chiang Kai-Shek,  L’Homme révolté (The Rebel) fed into the debate around communism : L’Étranger and Le Mythe de Sisyphe, the debate on the absurd.  In a translation from the English in 1969, La Peste resonated with the continuous state of emergency which the country was undergoing. From the 1990s onwards, the consolidation of democracy and a growing curiosity for the francophone world helped disseminate the positions adopted by Camus on the death penalty and especially revolt.

 

Resumenes

 

Philippe Lançon, Camus, el amigo mesurado

En mal tiempo político, no es más fácil sostener la mesura que el timón de un velero. Con Albert Camus, esa mesura se vincula a las exigencias de la amistad y a la aversión por la violencia. Esas exigencias y esa aversion nacen de la experiencia siempre preocupada, siempre personal, de la moral. Moral de un hombre que escribe : «  Para mí, siempre he preferido que testifiquemos, si me atrevo a decir, después de ser degollado ».

 

Michel Barré, « Helenismo y rebelión camusiana»

Sófocles, Epicteto, Marco Aurelio, por nombrar algunos, han sido para Camus aliados sustanciales a lo largo de una trayectoria que va de « la tentación de no parecerse a nada » el «  Mè phunaï » de los griegos antiguos al « Todo está bien » de Edipo. Cada uno de ellos contribuye a la definición de una ética, incluso a una estética de la rebelión, fundada sobre la aceptación de sus limites, el « Gnôthi seauton » délfico, sobre el rechazo de la desmesura, sobre la exigencia de justicia y la búsqueda de la mesura, « metron to beltiston » la mejor cosa como recuerda constantemente Esquilo.

 

Anne Prouteau, « La inscripción de los baños en la obra de Albert Camus »

El mar nunca fue reducido a un simple paisaje para Albert Camus. Reviste un reto casi vital, consustancial a la vida misma del escritor. No sorprende que nutre su imaginación. Ya sean novelas o textos con connotaciones íntimas, la escena de baño representa un pasaje obligado. Ese estudio reflexiona sobre las características de esas escenas marítimas y a las virtudes iniciáticas que revistan. Aunque invariables de alguna manera, ¿ no se encargan de nuevos atributos vinculados a la evolución general de la obra camusiana ?

 

Christian Phéline, « La playa inencontrable »

Si las otras escenas de El extranjero se inscriben con un gran verismo en la topografía de Argel, la playa del asesinato, tal como se describe, no coincide con ningún lugar posible de sus alrededores. De hecho, aún mayor en las relecturas que L. Visconti, J. Ferrandez ou K. Daoud proponen de la novela, esa des-territorialización (Je ne suis pas sûr pour la traduction de dé-territorialisation) condensa y desplaza en un lugar ficticio (ici aussi non-lieu me semble dur à traduire) la imagen de los arenales más lejanos de Trouville y Tipasa. Aquí, el topos recurrente de un litoral cerrado por un promontorio que simboliza en el escritor la relación tan fuerte de la región argelina al mar, organiza luz y roca en un dispositivo similar al de la escena griega. Sin espectadores ni palabra, todo el drama se juega en el agôn viril de las miradas, de los cuerpos y de las armas, no sin que un breve aplazamiento no se haya entreabierto a una posible ternura humana. Forma distinta de la tragedia tal como pensada por Camus o Chiaromonte, una escritura del « après-coup » toma entonces el lector como testigo de un conflicto entre « fuerzas iguales en rázon y en desgracia ».

 

Io Watanabe, « Camus Y Brice Parrain : un legado de los años 30 »

Ese estudio se interesa por las relaciones entre Albert Camus y Brice Parrain, exmilitante comunista, filósofo del lenguaje influyente de la época. No cesan de encontrarse en el despacho de la editorial Gallimard, de colaborar en la publicación de libros. El ensayo « Sobre una filosofía del lenguaje » y las numerosas notas de los Carnets reflejan el lugar considerable que ese guía espiritual ocupa en las reflexiones de Camus sobre el lenguaje, el comunismo y la civilización.

 

Guy Basset, « Camus y los profesionales del teatro »

Si Camus ha hablado mucho del teatro y de lo que representaba para él, también habló a veces de la gente de teatro. Es otra manera para él de hablar del teatro rindiendo homenaje a las y los que lo hacen ser. Disponemos de un corpus de escritos de seis textos importantes de Camus, sobre personalidades del teatro : Copeau cuyo Camus nunca ha dejado de reclamarse, Marcel Herrand cuya muerte lo marcó, Jacques Hébertot el director de teatro con quien las relaciones fueron a veces un poco difíciles, Béatrix dussane, cercana a Maria Casarès y Madeleine Renaud y el Mime Marceau que vio actuar. A través de esas evocaciones, como a través de la de Gérard Philipe, Camus recuerda que el teatro no es simplemente el asunto del actor, pero un mixto que une al autor aunque esté muerto, al director de teatro, al director (ici metteur en scène se dit aussi director en espagnol) que debe tener en cuenta la personalidad de los actores y la personalidad de la escena, el actor que habla con todo su cuerpo, los técnicos y el público. Pero ese conjunto no pretende dar cuenta de todas las relaciones que Camus mantuvo, durante su vida, con el entorno del teatro, sus amores, los servicios que ha podido prestar a algunos, el descubrimiento de actores que él dio a conocer…

 

Chia-hua Su, « Itinerario de una obra : Camus en Taiwán »

La consagración de Camus por el premio Nobel (1957) correspondió a un periodo de apertura al mundo de los intelectuales taiwaneses. Sus obras fueron generalmente traducidas del ingles. Traducido integralmente del francés en 1972, El hombre rebelde alimenta, bajo el régimen nacionalista de Tchang Kaï-shek, el debate sobre el comunismo ; El extranjero El mito de Sísifo, el debate sobre lo absurdo. Traducida del inglés en 1969, La peste se hizo eco del continuo estado de emergencia que sufría el país. A partir de los años 1990, la consolidación de la democracia y una curiosidad creciente para el mundo francófono ayudaron a la difusión de las posiciones de Camus sobre la pena de muerte y sobre todo sobre la rebelión.

 

Yao Jie, La influencia de Camus sobre los escritores chinos

En las útlimas décadas, algunos grandes críticos chinos han dicho su admiración por el escritor y reconocieron su influencia ; otros opinaron que esta referencia corresponde a la posición intelectual. Camus se publica mucho en China ; quizás no está « bien leído » o suficientemente estudiado. En primer lugar tomada en una acepción muy amplia, la noción de « absurdo » aparece en un sentido más camusiano en dos textos importantes, de 1985 : No tienes la elección de LIU Suola y Variaciones sin tema de XU Xing. El artículo analiza precisamente el contenido y el impacto. En ambos, la figura del antihéroe constituye una transgresión con respecto a la tradición literaria. Estos últimos años, Camus sigue siendo un modelo, incluso un maestro para (je retire « de tout ») jóvenes escritores : nueva etapa de la recepción de Camus en China ?

 

 

Alexis Lager
alexis.lager@gmail.com